Laissons venir la joie !

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Le plaisir, cet objet de la pensée devenu sacré dans nos sociétés, est pourtant la principale cause de souffrance de l’être humain. Lorsque la joie simple et profonde que l’on ressent à être, à observer la beauté du monde, à interagir dans l’instant avec elle, dans la simplicité de la sensation du vivant, devient mémoire, pensée, réflexion, désir, la souffrance n’est plus très loin. Avec le désir nait la sensation du manque, le besoin à assouvir, la recherche de la répétition à l’identique. Et même lorsque après maints efforts l’on obtient l’objet ou la sensation désirée, la déception de ne pas éprouver la même joie simple et sensible d’être avec elle, en elle, de ne pas retrouver la même force, la même intensité, nous conduit à plus de déception, à la frustration, au besoin d’avoir plus, d’avoir mieux, alors que notre mémoire compare, analyse, évalue.

Nous sommes presque tous l’esclave de nos désirs et nous faisons semblant d’oublier qu’ils sont la source de nos souffrances quotidiennes, de nos petites et grandes frustrations, du besoin de posséder pour s’assurer que ce plaisir ne partira pas, qu’il sera disponible à chaque fois que nous voudrons l’éprouver. Comme si l’objet du plaisir échappait à l’impermanence, comme si notre désir pouvait se satisfaire d’une sensation renouvelée à l’infini, comme si notre esprit réagissait mécaniquement à la sensation, alors que c’est la mémoire et la pensée qui l’exprime, la compare, la juge, qui lui donne sa valeur.

Notre état d’esprit est un changement perpétuel qui ne s’exprime pas par la pensée ou à travers la mémoire. La joie vient du contentement de l’esprit qui s’incarne dans la beauté du moment, sans comparaison, sans jugement, sans valeur. La joie est une sensation en mouvement qui nous habite au présent, pas la projection d’un désir assouvi dans le plaisir.

Si nous décidons de nous laisser aller au plaisir, de prendre le risque de souffrir du manque, de la frustration ou de la déception qui l’accompagne, essayons tout du moins de le faire en conscience, sans se voiler la face ! Et lorsque la joie est là, en nous, comme un profond sentiment d’amour qui nous sublime, laissons la exister en toute liberté, sans essayer de l’attraper, de la mettre dans une petite case de la mémoire, sans l’intellectualiser ni l’analyser, sans l’inscrire dans le temps psychologique de la pensée qui compare et qui juge.

La joie se vit dans l’action d’être à l’instant même. Elle n’a pas besoin de cadre ni de connaissance particulière pour s’exprimer au présent, dans la contemplation paisible et profonde de l’amour pour le monde qui nous habite, que nous sommes à cet instant, sans rien renier de ce que nous sommes, de l’esprit qui contemple, simplement absorber tout entier dans l’existence à l’instant.

Laissons notre joie s’exprimer librement ! Donnons-nous la liberté de l’expérimenter à chaque fois que nous le pouvons, en toute liberté, sans barrière, sans peur, ni préconception. Donnons-nous la chance de la partager à chaque instant et peut-être trouverons nous le chemin vers cet amour universel dont nous avons tant besoin, maintenant, partout.  

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